L'aboiement:

une forme d'expression du chien.

 

par France Yorel

 

Le chien descend du loup, même si on ne sait pas précisément de quel loup il s'agit et s'il existe encore.


photo: J.A. Conte

Les théories sur le sujet sont foison et les spécialistes n'expriment pas tous la même opinion, mais tous s'accordent à dire que  le loup jappe, aboie, gémit, hurle...tout comme le chien.


C'est grâce à ses caractéristiques particulières qu'il est devenu le meilleur ami de l'homme.


A l'origine, les loups  rôdaient  près des campements humains,  espérant  se repaître des restes de ces derniers, surtout l'hiver quand le gibier se faisait  rare. 


L'animal et l'homme se côtoyaient , chacun y trouvant son compte.

L'homme , en nourrissant les loups, bénéficiait d'un système d'alarme performant car Le loup protège son territoire et sa nourriture en utilisant un large éventail  de sons allant du gémissement aux hurlements. 

Les loups étaient ainsi  bien nourris et les humains bien gardés. Peu à peu, hommes et bêtes se sont rapprochés et ont tissé les liens que l'on connaît aujourd'hui.


De cette époque, le chien a gardé son instinct de loup: il gémit, aboie, jappe, hurle.

Autant nos ancêtres appréciaient cette caractéristique, autant elle gêne notre quotidien car le chien est de plus en plus proche du noyau familial.


Un chien reste un chien, mais la plupart d'entre nous le considère comme un membre à part entière de la famille et nous attendons beaucoup de lui.


Nous attendons qu'il se comporte "bien" en toute circonstance, c'est-à-dire qu'il soit propre, non destructeur, non aboyeur, non bagarreur, affectueux, obéissant, une vraie  peluche en somme.


L'aboiement est sans doute la caractéristique qui nous dérange le plus chez le chien.


Certains chiens  peuvent émettre des  sons allant jusqu'à 108 décibels, ce qui correspond au bruit d'un marteau piqueur.


De notre chien, nous attendons qu'il n'aboie pas sans raison valable, mais lui a toujours une raison valable pour le faire: un oiseau qui le nargue, un bruit au loin, une ombre, un passant...


S'il aboie trop, on est mécontent, s'il n'aboie pas assez, on est mécontent. Comment peut-il comprendre la complexité de notre cerveau humain?


Le pire que vous puissiez faire est de disputer votre chien quand il aboie. Le punir pour quelque chose de naturel va le frustrer et le plonger dans une profonde anxiété. C'est  comme si l'on vous interdisait de parler.


Il existe des solutions pour limiter les aboiements sans frustration pour le chien.


Exemple 1: Tobby


Tobby est un labrador sympathique.

Il a un jardin et aime courir après les chats, mais ce qu'il aime par-dessus tout, c'est aboyer après le facteur.

Il connaît l'heure du passage du préposé, il l'attend avec délectation car il s'est investi d'une mission : décourager ce gars d'approcher la propriété.

Tobby est fort à ce petit jeu, car aussitôt le  facteur en vue, il s'excite et s'époumone et... ça fonctionne, puisque le gars s'enfuit!

Enfin, c'est ce que pense Tobby.


Tobby est satisfait mais les voisins font des réflexions, car Tobby prend de plus en plus de plaisir à aboyer sur n'importe quel passant.


Que faire?


La première chose à faire est de laisser Tobby à l'intérieur de la maison à l'heure du passage du facteur. Il risque de gémir pour sortir, mais son maître peut le distraire et jouer avec lui au lieu de le réprimander.

Tobby est adaptable, il passera vite autre chose.


Quant aux autres passants, il suffit de ne jamais laisser Tobby seul dans le jardin. Parler avec ses voisins  est aussi une bonne  manière d'habituer Tobby aux étrangers.


Exemple 2: Duchesse


Première situation:


Duchesse est une jack russel très peureuse. Elle aboie sur tout et n'importe quoi, un rien la terrifie. La gronder ne servirait qu'à aggraver son cas.

Ses maîtres doivent lui éviter les situations anxiogènes réellement dangereuses tout en lui faisant affronter celles où le danger n'existe que dans sa tête.


Quand Duchesse aperçoit un chien, elle commence à aboyer avant même que le chien ne soit à sa hauteur.

On la fait asseoir pour faire descendre la pression et on sort une friandise. Elle regarde la friandise, elle  oublie un peu "l'ennemi".  On attend que le chien soit à sa hauteur pour la lui donner. Le chien est passé, la friandise avalée, tout s'est bien passé. On la félicite:

"Bravo! Tu vois, il ne s'est rien passé, tu es un petit chien courageux".

Il faut anticiper et ne pas attendre que le chien soit à sa hauteur pour la distraire sous peine de rater l'opération.



Seconde situation:


Lors d'une promenade en ville, on aperçoit 'un sac poubelle déposé sur le trottoir. Duchesse commence à aboyer intempestivement.

Il faut la rassurer: "Viens, on va voir, c'est rien, c'est rien."

La chienne continue d'aboyer mais on la  laisse faire.

On ne tire surtout  pas la laisse pour la forcer à approcher le sac et  on lui laisse du lest (il faut une laisse assez longue)

"Votre chien a toujours une bonne raison d'aboyer.
Il vous appartient de le comprendre."

                     France Yorel

On laisse Duchesse en arrière et on s'approche du sac jusqu'à le toucher.

"Regarde, c'est rien, je le touche, moi!"


Si la chienne ose venir près de vous  pour sentir le sac, c'est gagné , alors il faut féliciter.


Si cela n'a pas fonctionné, ce sera pour la prochaine fois, il ne faut pas se décourager.


Exemple 3: apprendre au chien à aboyer sur commande


Le fait d'apprendre au chien à aboyer selon son souhait le fait taire de la même façon.


Il faut repérer les stimuli qui font aboyer votre chien. Si un documentaire animalier déclenche chez lui une salve d'aboiements, regardez-en un ensemble.

"Aboie! Aboie!"

On encourage l'aboiement.  Cela va être la fête pour lui, moins pour vous, mais c'est le prix à payer.


Au bout de quelques secondes, vous lui montrez une friandise qu'il aime plus que tout. Ne ménagez pas vos efforts, achetez -lui un steak si c'est ce qu'il aime.


Vous lui tendez la friandise en donnant l'ordre "silence" ou "tais-toi", mais ce devra être toujours le même.


Il va gober son dû en silence, il aura oublié pendant quelques secondes le documentaire animalier, puis il reprendra de plus belle les aboiements que vous encouragerez à nouveau.


Encore une friandise avec le mot magique "silence" et ainsi de suite.


Il apprend vite. Si vous lui faites exécuter cet exercice plusieurs fois, il ne vous décevra pas.


Quand les deux ordres seront bien acquis, vous pourrez le faire taire à distance.


Pour conclure, l'aboiement chez le chien est naturel mais n'est pas une fatalité.


Notre chien a confiance en nous, avec beaucoup d'amour et de la bienveillance, il est capable de faire tout ce que l'on attend de lui, même réfréner ses instincts les plus profonds, à condition, bien sûr, de ne pas vouloir en faire un être humain mais lui laisser vivre sa vie de chien.


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