LE CHIEN EST-IL CAPABLE DE RAISONNER?

 

par France Yorel - photo: CELSIUS Prod

Si le chien ressent des émotions et est capable les transmettre, a-t-il,

pour autant, une capacité, même infime, de raisonnement ?


Les études scientifiques n’en sont qu’aux balbutiements concernant la psychologie canine.

 

Auparavant, seuls les chercheurs de laboratoire s’intéressaient aux chiens dans le seul but d’expérimenter de nouveaux traitements.

 

Récemment, certains savants ont découvert que nos amis les chiens secrétaient de l’ocytocine, l’hormone de l’amour, tout comme les humains !

Le non scientifique, attentif à Médor, le savait depuis longtemps, mais admettons et penchons-nous sur le cerveau du chien.


Si le chien ressent des émotions et est capable de les transmettre, a-t-il, pour autant, une capacité, même infime, de raisonnement ?

Nous allons tenter de donner des pistes pour répondre à cette question.

 

Par définition, le raisonnement est une réflexion, même primaire, c’est-à-dire l’élaboration d’une stratégie face à une situation.

 

Le chien communique oralement, en aboyant, mais sa principale source de communication est expressive.

“Position de la queue, des oreilles, du corps, léchages, sortie de langue, regards, etc…”.

 

L’observation est capitale chez le chien et s’il a été bien formé par sa génitrice, et fait des expériences auprès de sa fratrie, il connaît les codes canins.

 

C’est la raison pour laquelle il ne faut pas séparer trop tôt un chiot de sa mère.

De même qu’une mère trop jeune ne donnera pas les codes à sa progéniture, car elle n’aura pas assez d’expérience, elle-même, pour être une bonne éducatrice.

 

Arrivé dans sa famille humaine, le chiot va devoir assimiler d’autres codes et une langue qu’il ne connaît pas.

 

Il a quelques bases, l’humain étant omniprésent dès sa naissance.            

Il va devoir observer et comprendre ce monde qui n’est pas le sien.

 

La plupart du temps, c’est lui, le chien, qui va devoir s’adapter, avec plus ou moins de bienveillance de la part de ses maîtres, car bien souvent, l’humain est ignorant des codes canins.

 

On demande à un chien d’entrer “rapidement” dans notre monde.  

 

D’instinct, car c’est sa manière d’être, il observe “ses” humains et décrypte gestes et émotions.

 

Il sait quand vous êtes joyeux, en colère ou triste, même s’il est incapable de comprendre pourquoi.

Intelligemment, il vous évitera s’il voit à votre figure que vous êtes de mauvaise humeur, mais viendra se coller à vous si vous êtes serein.


C’est sa grande capacité d’observation qui en fait un animal si proche de nous.


Comme il cherche toujours votre approbation pour vous faire plaisir, il est ouvert à votre apprentissage, lequel, s’il est bien mené, se déroulera par “situation/réaction”.

" Vous pensez que les chiens ne peuvent pas compter, essayez de mettre trois biscuits pour chien dans votre poche et ne lui en donnez que deux."


                       Phil Pastoret

Par exemple, pour l’apprentissage de la propreté :

 

Situation/ il se soulage dehors

Réaction/ vous le félicitez.

 

Les punitions dans l’apprentissage sont improductives et néfastes car une situation induisant une réaction négative angoisse le chien qui ne comprend pas ce que l’on attend de lui.

 

L’humain doit être un guide bienveillant et faire preuve de bon sens.  

Un chien, puni pour s’être soulagé à l’intérieur, ne comprendra pas pourquoi vous le disputez pour cette fonction indispensable et naturelle.

 

Avez-vous remarqué combien les chiens apprennent de leurs congénères en les observant ?

 

Un jeune chien imitera un aîné de manière innée.

 

Il fera de même avec son maître. Si vous voulez qu’il passe en rampant dans un tunnel, la meilleure façon est que vous le fassiez vous-même.

 

Comment définiriez-vous l’apprentissage par la capacité d’observation ?

 

N’est-ce pas du raisonnement, voire de l’intelligence ?

 

Pour parfaire la démonstration, rien ne vaut quelques exemples :

 

Vous jouez avec votre chien à l’aide d’un jouet. Vous tirez, il fait mine d’être méchant en grognant. Vous cédez et lâchez, soit pour lui donner l’avantage et lui faire plaisir, soit parce que vous en avez assez.

Il revient vous narguer, parce que ce n’est pas le jouet qui l’amuse, mais le rapport de force avec           vous, la bagarre.

 

Si vous faites semblant de lui courir après et de le coincer, vous voyez son regard passer de gauche à droite pour trouver une sortie.

Il vous esquive.

 

N’est-ce pas du raisonnement ?

 

Vous vous chaussez pour sortir, votre chien est dans son panier, couché, mais il vous regarde du coin de l’œil. Il observe vos faits et gestes.

 

Il ne bouge pas car il sait très bien que vous n’allez pas l’emmener.

 

N’est-ce pas du raisonnement ?

 

Votre chien connaît toutes les astuces de votre cuisine.

Il sait que le réfrigérateur est intéressant et que ce tiroir cache des friandises.

 

Comment le sait-il ?

Par observation, il a fait une association entre une situation et une réaction.

Vous ouvrez ce tiroir, il y a parfois un gâteau pour lui.

 

N’est-ce pas du raisonnement ?

 

Votre compagne rentre de balade avec votre chien. Il vous cherche joyeusement dans toutes les pièces de la maison.

Il n’est pas certain que vous soyez là, mais il l’espère.

 

N’est-ce pas du raisonnement ?

 

Si vous avez un chien, vous aurez bien d’autres exemples en tête, et peut-être, qu’à la différence des savants, vous vous rangerez dans la catégorie des gens qui déclarent : “il ne lui manque que la parole”.

 

Alors, à la question :

Est-ce qu’un chien raisonne ?

 

Certains répondront qu’un chien ne fonctionne que par instinct, d’autres penseront qu’un chien possède une certaine forme d’intelligence qui lui donne le pouvoir de raisonner.

 

Et vous, qu’en pensez-vous ?

 


© CELSIUS Prod, SABAM2019