Rocky le Rebelle

 

par France Yorel

 

 


J'ai choisi le boxer après avoir cherché quelle race de chien correspondrait le mieux à ma famille.


 Je voulais une race de chien compatible avec ma vie du moment, c'est-à-dire un chien sympa avec les gosses  sans entretien particulier.


Mon choix s'est porté sur un chien à poils courts, connu pour être un merveilleux compagnon, j'ai nommé : le boxer.


Nous n'avons pas hésité à parcourir deux cents kilomètres pour aller choisir notre petite chienne dans un élevage.


 A l'époque, nous l'avons achetée six cents francs, cela commence à dater...


Nous l'avons appelée Metcha,  à cause de ses pattes blanches qui ressemblait à des bottes de danseuses russes.  Ah les clichés!


En tout cas c'était un amour de chienne!

Plus tard, nous avons déménagé dans  une maison qui possédait un grand terrain et il nous fallait un second chien pour protéger nos biens, car Metcha n'était pas efficace dans le rôle de chienne de garde vu qu'elle était adorable avec tout le monde, y compris les étrangers.


En réalité, je  n'ai jamais fondé d'espoir sur l'efficacité du boxer comme chien de garde, mais il existe des gros gabarits qui impressionnent et cela me paraissait suffisant.


Internet n'existait pas et le seul moyen que nous avions de trouver un second chien était de lire les petites annonces.

En cherchant bien, je finis par dénicher cette annonce: "vends chiots boxers bringés, père gros gabarit".


Nous voilà repartis à quelques centaines de kilomètres pour voir le spécimen. C'était chez des particuliers qui résidaient en face d'un élevage de boxers. Il y avait eu un accident de parcours, leur chienne boxer s'était sauvée et accouplée avec le champion de France d'en face. Enfin, c'est ce qu'ils nous ont affirmé et nous n'avons pas  vérifié la véracité de leurs propos.  


Il n'était pas LOF, mais il était magnifique.


Mais quel caractère!


Autre chose que notre docile Metcha...


Notre première rencontre avec lui aurait dû nous servir d'avertissement, car il ne s'est pas laissé faire quand l'éleveur lui a tapoté la joue. Le chiot lui a mordu la main jusqu'au sang.


Le nom de Rocky lui fut attribué.

" Il se prit un violent

COUP DE POING

dans la truffe en échange.  "

Effectivement, ce chiot- là avait du tempérament. On sait tous que le chiot suit son humain comme le caneton suit sa cane.


Eh bien, pas notre Rocky! Quand on le lâchait dans la nature, il se" barrait"!


A l'école des chiens, on  ne parlait pas en ces temps lointains "d'éducation positive", notre jeune Rocky voulait se battre à tout prix avec les autres.

L'éducateur n'était pas content du tout , car nous n'étions pas assez autoritaires selon lui.

Lors d'une démonstration publique, il décida de nous montrer comment mâter une tête brûlée. Mais Rocky n'avait pas envie de marcher au pas, il n'avait qu'un souhait : aller "bouffer" la gueule du chien d'à côté, malgré son jeune âge, car il n'avait que six mois.


Refusant la contrainte, notre boxer lui mordit la main et se prit un violent coup de poing dans la truffe en échange.


Vexé, l'éducateur nous renvoya sur le champ, mais il n'était plus question de revenir dans un centre où  les formateurs  frappaient les chiens.


Notre Rocky était tout de même adorable, et ceci avec tout le monde, mais il détestait les autres animaux : chiens, chats, lapins, oiseaux...

Les balades étaient compliquées car il avait une musculature développée, 40 kilos tout de même, et il voulait toujours se battre, c'était son obsession !

Pas avec notre autre chienne, fort heureusement. Elle, il l'aimait, même s'il faisait preuve d'autorité à son égard. Le chef, c'était lui, incontestablement.


C'était un excellent chien de garde car il impressionnait, les gens changeaient de trottoirs parfois. De toutes les maisons aux alentours, seule la nôtre n'a jamais été cambriolée.

Il avait deux ans d'écart avec notre chienne et quand cette dernière est morte d'une hépatite foudroyante, il a hurlé à la mort pendant une semaine en regardant le portail et il est tombé en dépression. Le gros dur avait un cœur tendre.


Sincèrement, je pense qu'il ne s'est jamais remis de la perte de sa compagne, car il a développé un cancer des os qui l'a emporté six mois après notre Metcha.

J'adorais ce chien. Il sentait le buffle, une sorte d'odeur de mâle très forte qui n'appartenait qu'à lui. Il venait me consoler quand je n'avais pas le moral. J'aimais l'embrasser et il aimait ça aussi.


Rocky a été mon dernier boxer. Sa perte a été douloureuse pour toute la famille.

Je suis restée six ans avant de me décider à prendre un nouveau chien, et j'ai choisi un gabarit bien plus petit: autre vie, autre chien...


© CELSIUS Prod, SABAM2021