LE CHIOT DANS LA TASSE

 

par Francine Bruez

Photo: banque d'images CELSIUS Prod

Cette histoire commence par la naissance de cinq bébés chiens, un beau soir de printemps.


Quatre chiots de 400 grammes et un de 300 grammes. Le moins lourd est aussi le moins beau.

Sa maman l’appelle Petiot.


Sa maman l’aime mais il a du mal à trouver la tétine pour se nourrir, car ses frères et sœurs sont plus habiles et l’empêchent d’approcher.


Le temps passe et Petiot ne grossit pas assez. Quand les chiots commencent à jouer, il est toujours écrasé !


Au bout de quelques semaines, des humains se bousculent pour voir les chiots et en choisir un. Petiot n’attire pas l’attention car il est tout maigre et insignifiant.


Les quatre  plus beaux chiots sont réservés à des habitants du quartier mais Petiot ne trouve de maître. Personne ne l’a réclamé !


Les conversations vont bon train parmi les jeunes chiens.


«  Celle qui m’adopte est adorable. Elle m’a dit que j’aurais un panier rien que pour moi

- Mon maître à moi, il m’a promis de m’emmener faire de belles promenades.

- Le mien a trois enfants. Quelles belles parties de jeux en perspective !

- Ma maîtresse à moi, elle me donnera plein de bonbons ! »


Petiot est triste car il ne peut pas prendre part à la conversation,  il n’a rien à dire  car personne ne l’attend. Il restera avec sa maman, et cette idée lui plaît bien  finalement.


Un soir, pendant que ses frères et sœurs sont endormis, Petiot se love contre sa mère. Il est bien et apprécie ce moment privilégié.


« Je t’aime, Maman, je resterai toujours avec toi ! »


Et là, c’est le choc ! Sa maman lui apprend qu’elle ne pourra pas s’occuper de lui longtemps. Elle aura à nouveau des bébés et Petiot devra s’en aller.


« M’en aller ? Mais où ?

- Peut-être que les maîtres voudront te garder, mais je ne veux pas te faire de fausse joie, cela n’arrive jamais. Je ne peux rien te promettre, mais ne t’en fais pas, il y a toujours une solution à tout. »


Petiot se raccroche à cette phrase : « il y a des solutions à tout » et il s’endort.


Un jour , il entend les maîtres parler de lui.


« Qu’est-ce qu’on va en faire ? Personne n’en veut !

- On ne va pas garder cette horreur, tu as raison, demain, je jette ce truc à la poubelle. »


Petiot est pétrifié. Il a peur. Il ne sait pas ce qu’est une poubelle, mais il sait que c’est lui le truc.


Il ne connaît pas le monde, il n’a jamais franchi le seuil de la maison, mais il attend que tout le monde soit endormi pour se faufiler par la porte-fenêtre laissée entrouverte.


Il fait noir, il a peur, mais il marche.


La nuit est douce et après avoir parcouru quelques centaines de mètres, il s’introduit dans un buisson et s’endort.


Il est réveillé par un énorme camion. Il ne le sait pas, mais c’est le service de ramassage des ordures.


Il comprend qu’il l’a échappé belle quand il entend parler un homme : « encore trois poubelles dans cette rue ! »


Il a faim et s’aventure un peu plus loin. Un bout de viande est tombée du gros camion. Quelle chance !

Il est en train de dévorer sa trouvaille quand une vieille femme se penche sur lui.


« Tu es mignon, toi ! Qu’est-ce que tu fais là, tout seul, à ton âge ? »


Petiot remue la queue et lèche la main de la dame. Elle le prend dans ses bras et le ramène chez elle.


« Je vais te donner de la vraie nourriture, c’est pas une vie de fouiller dans les poubelles. »


Encore ce mot « poubelle », décidément, cela suit partout le petit chiot.


La femme est ravie d’avoir trouvé Petiot, car elle cherchait depuis longtemps un chien sans avoir les moyens d’en acheter un.


Il est si petit qu’il tient dans une tasse !


Petiot est minuscule, c’est exactement, le chien qu’elle voulait.


Tous deux courent des jours heureux et le temps passe. Petiot grossit à vue d’œil car il est bien nourri et qu’il  n’y a personne pour venir lui voler sa gamelle.


A un an,  Petiot est devenu un beau chien au poil brillant et à l’air joyeux. Il n’est pas resté le  chien  taille mini dont avait rêvé la vieille dame, mais il l’accompagne partout et elle l’aime beaucoup.


Si un jour, tu choisis un chiot dans une portée, intéresse-toi au plus chétif, c’est bien souvent le plus merveilleux !

 


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